Les plateformes de streaming ont envahi notre quotidien. Nous sommes toutes et tous à l’affut des sorties mensuelles quand nous avons souscrit un abonnement sur une de ces plateformes. Est-ce qu’en faisant cela, nous tournons le dos à l’art cinématographique ? C’est en tout cas ce que pense Martin Scorcese.
Les plateformes de streaming : la mort annoncée du 7ème art ?
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Pourquoi nous abonnons-nous à des plateformes de streaming ? Nous l’avons peut-être fait pour la nouveauté, parce que le catalogue était bien fourni et laissait augurer de bonnes soirées, blottis dans le canapé devant une série haletante, un film rempli d’émotion, un dessin animé pour faire rire nos enfants et des longs métrages pour nous faire peur.
Et puis, le Covid-19 est passé par là, nous intimant l’ordre de rester chez nous. Confinés. Enfermés. Comme dans un très mauvais film d’horreur, sans possibilité de dire « coupez » et de refaire la prise.
Plus de possibilité de nous rendre en amoureux ou entre amis dans une salle obscure de cinéma. Alors, oui, sans doute par dépit, nous nous sommes rabattus sur les plateformes de streaming. Cherchant l’évasion, le rire, alors que dehors, notre monde familier devenait chaos, inquiétude.
Alors qu’il était interrogé sur Fellini, Martin Scorcese, réalisateur américain de génie à qui l’on doit entre autres, Taxi Driver, Casino, Shutter Island ou encore les Infiltrés est revenu sur la montée en puissance des plateformes de streaming, partout dans le monde.
Il avait déjà évoqué son aversion pour les films Marvel, pour lequel il avait été sans équivoque : pour lui, ce n’est pas du cinéma. Pas d’émotion, pas de psychologie. Juste des attractions de fêtes foraines grandiloquentes. Les plateformes de streaming sont aussi devenues sa bête noire.
Il s’insurge en premier lieu sur le mot « contenu » que l’on utilise désormais à tort et à travers pour expliquer tout ce qui représente des images en mouvement, sans savoir en différencier la forme. Tout est contenu, désormais ; même les publicités. Contenus ; comme mis en boite. Enfermés.
Les plateformes de streaming suggèrent les prochains films que vous allez voir : où est le libre arbitre ?
Enfermés dans un rôle consumériste ; c’est ainsi que Scorcese voit les abonnés, au regard des algorithmes qui suggèrent de voir « en fonction de ce que vous avez déjà vu ». Cela suppose donc un genre de film unique.
Où est la diversité propre au cinéma, la place de la découverte ? Le choix en fonction de son humeur entre un blockbuster et un film d’auteur ? Car c’est cela, normalement, une personne qui aime le cinéma.
Une personne qui teste, qui goûte, qui sait reconnaitre une bonne mouture chez un réalisateur, chez un acteur, parce qu’il expérimente. Qu’il sait ce qu’il aime et ce qui lui déplait. Mais qui a toujours le choix.
Pourtant, bien malgré lui, dans un monde qui tourne au ralenti, Martin Scorcese ne peut empêcher que son prochain film, Killers of the Flower Moon, sera bientôt disponible sur la plateforme de streaming d’Apple TV+.
Entre la plateforme de streaming et des spectateurs et des salles condamnées encore à être vides, pendant quelques mois, peut-être, il fallait bien que le film sorte…Une ironie qui ne doit pas lui plaire mais contre laquelle il ne peut pas lutter.
Disney + enregistre 146 millions d’abonnés ; Netflix et les autres ne sont pas en reste. Est-ce que, quand la crise sera passée et que les cinémas vont rouvrir, les habitudes des spectateurs vont changer ? Vont-ils se désabonner, attendre LE film à voir sur grand écran pour se déplacer à nouveau en salle ? Est-ce bientôt la mort du 7ème art, tel qu’on l’a toujours connu ? Peut-on imaginer que le Covid-19 va nous enlever cela, aussi ?