Ce n’est pas à cause de la fermeture des salles obscures que l’on s’interroge sur la sortie possible du premier film de la chanteuse australienne Sia, mais parce que beaucoup de personnes s’y opposent fermement. Pourquoi et est-ce justifié ? Focus sur un film atypique.
Qu’est-ce qui choque dans le premier film de Sia ?
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Pour rappel, Sia est une chanteuse d’origine canadienne de 45 ans à qui l’on doit notamment le tube Chandelier.
Après son succès dans la chanson, l’artiste a voulu expérimenter d’autres aspects de sa palette pour s’essayer à la réalisation. A la fin du mois de mars, ce long métrage devait (et nous utilisons l’imparfait volontairement) sortir en France, mais rien n’est moins sûr.
La chanteuse réalisatrice est violemment critiquée pour son film et a, dans ce contexte hostile, décidé de suspendre sa promotion. Pourquoi ?
Music raconte l’histoire d’une jeune fille autiste qui ne vit que pour la musique.
D’où le surnom « Music » qui lui est donnée par sa grand-mère avec laquelle elle entretient un lien très fort. La jeune autiste est interprétée par Maddie Ziegler. Son nom ne vous dit peut-être rien, mais sa prestation hallucinante dans le clip de Chandelier en a fait une star dans le monde et la petite protégée de la chanteuse. A tel point qu’elle n’a pas hésité une seconde à lui confier le rôle.
Bien sûr, ce n’est que le début de l’histoire, qui semble, somme toute, ordinaire. La grand-mère décède et Music se voit confiée à sa demi-sœur qu’elle ne connait pas et qui passe son temps à dealer de la drogue à des personnes riches.
Alors que Sia, par le biais de ce film, souhaitait montrer à quel point la différence est une richesse, elle se voit la cible des principaux concernés : les personnes autistes.
Pour elles, le film ne les représente pas bien. Premièrement parce que Sia n’a pas mis un point d’honneur à engager une comédienne autiste pour jouer le rôle principal. Certaines scènes sont également jugées choquantes et inadaptées. En pleine crise, Music est en effet mise par terre par sa demi-sœur qui fait alors ce que l’on appelle un acte de contention.
Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit normalement de maintenir la personne, dans les bras, fortement, jusqu’à ce qu’elle se calme. La contention si elle peut fonctionner dans le cas de certaines pathologies est ici montrée dans de mauvaises conditions.
L’actrice qui joue Music est allongée de force sur le sol et maintenue par deux personnes qui se mettent à genoux sur elle. Dans le cas de l’autisme, la contention ne serait pas efficace et surtout dangereuse ; la plupart des autistes refusant les contacts physiques. Comme elle est exprimée dans le film, elle suggère plus un acte de maltraitance, selon ces mêmes personnes.
18 000 personnes ont d’ores et déjà demandé à ce que le film soit annulé et ne puisse pas sortir.
Au-delà des deux scènes de contention, les personnes autistes qui ont mis en place cette pétition mettent en avant le fait que leur pathologie fait l’objet des stéréotypes habituels, notamment dans la bande-annonce. Elles auraient aimé que le scénario soit supervisé par un autiste, pour plus de véracité et de crédibilité.
Sia, face à ses critiques a tenté de défendre son projet. Elle argue que plusieurs personnes autistes ont contribué à l’élaboration du filù et qu’elle ne comprend pas les réactions que son premier long-métrage peut susciter.
Elle demande à toutes les personnes en colère de laisser une chance au long métrage. Pour ce faire, elle a coupé les deux scènes de contention qui n’apparaitront pas dans la version finale du film.
La bande annonce du film est disponible si vous voulez vous faire votre propre opinion. On retrouve l’aspect flamboyant de la musique et des clips de Sia qui représentent, dans le film, les rêves et cauchemars des personnages. Des scènes trop hautes en couleur selon les personnes autistes en colère qui arguent que leur simple vue leur donne la nausée.
Kate Hudson qui joue le rôle de la demi-sœur est nominée aux Golden Globes et le film nominé dans la catégorie meilleure comédie.
Alors : ode à la vie et à la différence, à la découverte de soi, par le biais de l’autre ou instrumentalisation d’une pathologie protéiforme ? A vous de voir.