Même si le Bitcoin reste la monnaie digitale la plus connue auprès du grand public, on compte désormais des dizaines et des dizaines d’autres monnaies dématérialisées. Impossible, donc, pour les banques de détail et encore moins pour la BCE (Banque Centrale Européenne) de ne pas tenir compte de leur impact dans l’économie. La BCE entend donc mettre en place un euro numérique, accessible à tous les ménages. Cela pose cependant quelques interrogations. Explications.
Bientôt l’ouverture de comptes en euros numériques :
La BCE est sensible au succès des cryptomonnaies. Pour autant, il n’est pas si facile de créer une monnaie dématérialisée qui va pouvoir permettre aux français d’effectuer leurs achats, voire, dans un futur plus ou moins proche, de percevoir leur salaire, en euros numériques.
Si certains sont d’ores et déjà convaincus que c’est l’avenir (et ce, depuis leur lancement), pour d’autres, cela reste un mystère. De l’argent tout à fait intangible est-il de l’argent, s’angoissent-ils, déjà aux prises avec un pouvoir d’achat en berne et une inflation galopante.
L’influence des #cryptos : “La commission Européenne envisage de proposer un projet de loi pour un euro numérique début 2023 et la #BCE pense sortir un prototype pour la fin de l’année 2023.”https://t.co/k46VDbiQTo pic.twitter.com/LvIaT77nR4
— Jonathan KAM ☁️ (@JonathanKam_) April 3, 2022
Pourtant, même si cela existait déjà et était utilisé très vite par les personnes munies d’une carte bancaire munie d’une puce NFC, le paiement sans contact a réellement connu son heure de gloire pendant la pandémie.
En effet, afin de limiter les contaminations, il fallait, autant que faire se peut, privilégier le paiement dématérialisé et éviter de toucher de l’argent liquide. Cela tombe bien, depuis quelques années, les français commencent à utiliser de moins en moins les pièces et billets. Sont-ils tombés désormais en désuétude ?
Il est pourtant certain que le paiement sans contact connait ses limites, notamment en termes de somme qu’il ne faut pas dépasser. Impossible de dépasser les 50 euros. Il faut pourtant préciser que lors de sa mise en place, il ne permettait de payer que des achats inférieurs ou égaux à 30 euros et a donc été revu à la hausse.
En outre, c’est déjà une réalité : certaines enseignes et magasins ; même s’ils sont encore minoritaires ; permettent déjà de régler les achats en cryptomonnaies (les plus courantes d’entre elles).
Forte de tous ces éléments, la BCE s’est dit que cela semblerait judicieux de créer une monnaie numérique. L’idée, là non plus n’est pas nouvelle. Même les banques de détail l’envisagent depuis quelques années.
Pourtant, il fallait en savoir un peu plus sur les habitudes consuméristes des français et leurs attentes en la matière. La Banque Centrale Européenne a donc fait une étude à ce sujet et les résultats sont sans appel : les français veulent un paiement immédiat de leur achat et sans contact. Mais ils veulent aussi que les transactions dans l’ensemble de l’Europe soient facilitées.
Qu’à cela ne tienne, tous les éléments convergent donc vers la création d’un euro numérique. Mais la BCE va plus loin. Alors qu’elle est normalement réservée aux banques commerciales, elle pourrait s’ouvrir aux ménages français mais aussi européens. Ces derniers pourraient donc ouvrir auprès d’elle un compte en euros numériques ; compte qu’ils utiliseraient pour effectuer leurs achats en ligne ou dans des boutiques physiques.
Le problème avec la mise en place de l’euro numérique et les solutions préconisées par la BCE :
Pourtant, consultées à ce sujet par la BCE, certaines personnes impliquées dans le projet craignent que ; à l’instar de l’argent liquide actuellement (pièces et billets, notamment ceux de 500 euros) ; les euros numériques puissent servir à des fins criminelles.
On sait en effet que l’argent liquide est privilégié par certains milieux, car non traçable, au contraire des chèques, des paiements sans contact ou encore des virements. En utilisant de l’argent liquide, il est possible de blanchir de l’argent sale, voire de mettre en place des actions terroristes.
Il ne faudrait pas que l’euro numérique puisse permettre cela. La BCE, pourtant, a une parade. Un des membres du Directoire expliquait que les grosses sommes ; comme cela est le cas actuellement ; feraient l’objet d’un contrôle standard pour éviter les dérives.
Dans le cas des petites sommes (il avance alors la somme de 200 euros numériques), elles ne représenteraient pas plus de risques qu’actuellement. La BCE viserait donc un certain anonymat pour les petites sommes (le montant reste donc à définir) et se contenterait d’un contrôle limité, et ce, afin que les utilisateurs puissent conserver un minimum de vie privée.
Le compte en euros numérique permettrait de consulter le solde restant, d’avoir un regard sur l’ensemble des transactions, un peu comme un compte bancaire classique. Le paiement des achats se ferait quant à lui grâce à une carte de débit ou encore, avec une application que les personnes pourraient télécharger avec leur smartphone.
Quand on voit la facilité avec laquelle ils ont pu prendre de telles mesures, on s’imaginer concrètement ce qui pourra advenir des comptes des “mauvais citoyens” avec le futur Euro numérique.
— Philippe (@Educ_suspendu) March 28, 2022
Pour beaucoup de français sans doute, cela risque d’être un gros bouleversement. Car si le paiement sans contact suit la logique du paiement par carte bancaire, les français savent qu’à la banque, reposent leurs euros ; euros que, donc, ils peuvent retirer quand ils le souhaitent aux distributeurs. La dématérialisation totale de l’argent va-t-elle les séduire ?
Ils ont encore le temps d’y réfléchir, car le projet de la BCE n’est encore qu’au stade embryonnaire. Il faut attendre encore entre 3 et 5 ans pour que cela voie concrètement le jour.
D’ici là, avec la transition numérique opérée par les entreprises, le recul, voire l’extinction du paiement par chèque, les Français et le reste de l’Europe seront sans doute prêts pour l’euro numérique et la dématérialisation totale des transactions d’argent, y compris pour le versement de leur salaire….