Des milliers de Français tentent désespérément de signer avant le 1er avril pour éviter une facture salée : une nouvelle hausse des frais va frapper sans prévenir, et tout dépend d’un document que peu de gens comprennent.
Les notaires croulent sous les demandes. À quelques jours d’un changement législatif majeur, certains acheteurs découvrent qu’ils vont devoir sortir plusieurs milliers d’euros supplémentaires. Une réalité qui illustre les lenteurs du système immobilier français, mais aussi une méconnaissance massive des règles en vigueur.
A lire aussi :
- La baisse des taux entre dans sa dernière phase : découvrez les conséquences pour les acquéreurs
- Les prix de l’immobilier pourraient exploser après cette date avec cette loi qui va déstabiliser le marché
- 25 000 euros d’économies : cette méthode ignorée par 90% des emprunteurs pourrait transformer votre crédit immobilier
Une hausse discrète mais lourde de conséquences
Dès le mardi 1er avril 2025, plusieurs départements appliqueront une augmentation de 0,5 point des droits de mutation à titre onéreux (DMTO), ces taxes que l’on appelle à tort “frais de notaire”. En réalité, plus de 80 % de cette sommecorrespond à des impôts reversés aux collectivités locales. Pour un bien à 300 000 euros, cette hausse représente 1 500 euros supplémentaires à régler à la signature. Et dans certaines ventes plus importantes, la note peut grimper à 10 000 euros, comme l’a vécu un client dont l’acte n’a pu être signé à temps.
Prix du bien | Ancien DMTO (7,5 %) | Nouveau DMTO (8 %) | Surcoût |
200 000 € | 15 000 € | 16 000 € | 1 000 € |
300 000 € | 22 500 € | 24 000 € | 1 500 € |
500 000 € | 37 500 € | 40 000 € | 2 500 € |
1 000 000 € | 75 000 € | 80 000 € | 5 000 € |
Cette hausse discrète, prévue par la loi de finances 2025, s’appliquera uniquement dans les départements qui en ont fait le choix, mais ils sont déjà nombreux à l’avoir annoncé.
Des signatures en urgence pour éviter la surtaxe
Depuis début mars, les études notariales sont prises d’assaut. Beaucoup de clients pensent qu’il suffit d’avoir signé le compromis avant le 1er avril pour échapper à l’augmentation. Erreur : seule la signature de l’acte authentique fait foi. Cette confusion a provoqué une vague de stress, avec des appels à répétition, des demandes de rendez-vous avancés et des notaires débordés. Certains doivent même orienter les clients vers d’autres cabinets, car le lieu du bien détermine la taxe, pas l’emplacement du notaire.
Des départements déjà concernés dès le 1er avril
Plusieurs départements appliqueront la hausse dès le jour d’entrée en vigueur. D’autres pourraient suivre dans les mois à venir. Voici les zones déjà confirmées :
- Paris
- Seine-Saint-Denis
- Yvelines
- Charente-Maritime
- Rhône
- Loire-Atlantique
Chaque conseil départemental a la liberté de décider. Mais face à la chute des recettes immobilières, la tentation est grande pour beaucoup d’élus d’augmenter ce levier fiscal.
Un calendrier bancaire qui bloque les ventes
Même les acquéreurs les plus motivés se heurtent à des délais administratifs incompressibles. Entre la promesse de vente et l’acte final, il faut obtenir un crédit, recevoir une offre, respecter un délai légal de 11 jours pour l’accepter… et espérer que tout le monde soit disponible à temps. Les banques aussi sont surchargées. Plusieurs établissements ont déjà annoncé à des notaires que certains clients ne pourront signer que le 2 avril, les condamnant à payer des milliers d’euros de plus, malgré leur bonne volonté.
Des primo-accédants partiellement épargnés
Seuls les primo-accédants qui achètent leur résidence principale et s’engagent à y vivre au moins 5 ans peuvent bénéficier d’une exonération de cette hausse. Mais cette exonération reste partielle, car elle ne s’applique pas à tous les profils ni à toutes les situations. Et dans le tumulte actuel, beaucoup de futurs acheteurs ne savent même pas qu’ils pourraient en bénéficier. Résultat : ils paniquent, appellent en urgence, ou parfois abandonnent la vente par crainte de frais inattendus.
Une communication publique quasi inexistante
Ce changement, pourtant lourd de conséquences, a été très peu médiatisé. Ni les collectivités locales, ni l’État, ni les grandes plateformes immobilières n’ont vraiment alerté les particuliers. Seuls les notaires ont tenté, parfois en vain, de expliquer les règles à des acheteurs déboussolés. Face à cette opacité, de nombreux Français découvrent les détails de la réforme… une semaine avant son application. Ce manque d’anticipation aggrave les tensions et alourdit la charge de travail des professionnels de la transaction.
Un climat anxiogène qui pèse sur un marché fragile
Depuis près de trois ans, l’immobilier est en crise profonde. Baisse des ventes, chute des prix dans certaines villes, hausse des taux… Le secteur avait commencé à montrer de légers signes de reprise en ce début 2025. Mais cette hausse des DMTO pourrait freiner la dynamique, notamment dans les zones déjà tendues. Plusieurs notaires dénoncent un “mauvais signal”, envoyé à un moment critique, alors que beaucoup de ménages peinent déjà à financer leur projet.
Ce marché immobilier s’effondre, une première depuis 50 ans mais un rebond est attendu
Cet article explore les effets d’une hausse soudaine des frais liés à l’achat immobilier, mal comprise par le grand public et difficile à contourner. Entre délais bancaires, décisions politiques locales et manque de clarté administrative, de nombreux acheteurs se retrouvent piégés par le calendrier, et contraints de payer bien plus que prévu. Une réalité qui illustre le besoin urgent d’une information plus transparente sur les coûts de l’immobilier.
Source : Capital